Les séparations

30/04/2018

"Le vrai, le faux, le laid, le beau, le dur, le mou qui a un grand cou, le gros touffu, le p'tit joufflu, le grand ridé, le mont pelé..." P.Perret

J'emprunte la phrase à l'ami Pierre Perret, merci à lui ! 

Que nous a-t-on arraché ? Quelle est cette chose qui nous manque ? Les séparations, les arrachements, les départs, les pertes, les disparitions, les manques, les choix, les liens brisés jalonnent nos existences humaines.

Nous tous connaissons cela, à tous les âges, à toutes occasions. Cela doit-il être placé dans l'immense fourre-tout du "C'est la vie", entre l'omniprésence de la violence et l'épidémie mondiale de cancer ?

Nous pouvons observer cela, encore et toujours en nous-mêmes. Posons-nous la question, qu'y a-t-il dans ce grand fourre-tout personnel, dans notre idée que certaines choses sont comme ça et qu'il est donc impensable de les changer ?
Il ne s'agit pas de savoir ce qui doit être changé ou pas, il ne s'agit pas d'imaginer comment cela pourrait être changé.
Autorisons-nous cet infini "entre deux", cet espace entre deux choses, portons attention au silence entre deux mots.
Observons simplement ce qui se trouve dans ce fourre-tout personnel étiqueté "C'est la vie".

!!!!!! Attention passage interactif !!!!! 😊

Regardons en nous maintenant ce qu'il y a à l'intérieur de ce sac rempli d'idées mortes, de mots qui n'ont plus aucune souplesse, plus aucune chaleur, aucun mouvement. Ces mots, ces idées, ces concepts, ces souvenirs, ces pensées sont mortes d'avoir été retirés du Flow, ce mouvement de la Vie qui est la Vie elle-même. Nous les avons retirés ces choses et par là elles ne bougent plus, par là elles sont figées, elles sont mortes.

Pourtant il est tout à fait clair que c'est nous-mêmes qui avons retiré ces choses de la Vie et par là-même nous les avons tuées, limitées et figées jusqu'au flétrissement, à l'image d'une fleur coupée.
S'il est habituel de cueillir une fleur pour orner nos maisons et la regarder mourir, pouvons-nous nous interroger sur ce à quoi ressemblent nos intérieurs psychologiques ornés de toutes ces choses mortes et immobiles ?
N'est-ce pas pour sécuriser tout l'échafaudage de nos certitudes que nous bâtissons notre idée du monde et de nous-mêmes sur des bases fixes, immuables, sans mouvement ?
Et si un importun interroge ces zones sclérosées de nos esprits, ne le repoussons-nous pas ? Par la violence, la fuite ou le mépris ?
Qu'allons-nous trouver dans notre propre grande besace du "C'est la vie" ?
La liste est infinie: les relations, les hommes, les femmes, le sexe, le destin, le passé, l'argent, les moutons, les élites, les cons, les éveillés, les endormis, les belles âmes, les salauds, etc... Nous avons des idées là-dessus, tellement d'idées, tellement de catégories, nous transformons notre vie en cette créature de Frankenstein. Des bouts de ce qui fut la vie que nous rapiéçons fiévreusement, regardant le ciel pour qu'enfin un éclair tombe et redonne vie à cette chose morte que nous appelons notre existence. Que nous nommions cet éclair Euromillions, Éveil, Dieu, magie, mariage, beauté, pouvoir, lutte, grand soir, alcool, victoire, combat, vraie démocratie, 6e ou 7e république, croissance, etc... La foudre tombera sur un cadavre dont chaque mouvement ne sera qu'une illusion de vie, le mot, l'idée, le souvenir de la Vie, jamais la Vie elle-même.
Pouvons-nous le regarder directement en nous-mêmes ? Ou voulons-nous continuer cette grande mascarade et durant combien de décennies encore ?
Nous mettons nous-mêmes dans notre grand sac "C'est la vie" toutes ces choses. Nous les y mettons pour que ces idées ne changent pas, que ces mots ne se diluent pas dans le mouvement de la vie, que ces souvenirs figés sur lesquels nos certitudes sont fondées ne bougent pas d'un iota. Cette impuissance feinte du "c'est comme ça", ne cache-t-elle pas plutôt une volonté que rien ne change ?
Si nos existences reprenaient vie, tous les murs que nous avons construits tomberaient en une seule minute.
Que nous a-t-on donc arraché, d'où vient cette douleur qui nous étreint lorsque quelque chose ou quelqu'un nous est ôté ? N'est-ce pas la sensation d'un monde brisé en mille morceaux que nous ressentons en nous-mêmes ? Toutes ces catégories, ces futurs, ces passés, ces envies, ces rêves, lorsque l'illusion de l'unité, de l'union avec une personne s'efface, n'est-ce pas cette existence fractionnée, moribonde qui nous apparaît et avec tous ces murs, l'immense isolement qui en découle ?

Voir le processus même du mal, c'est se libérer de ce mal.

Nous sommes de plus en plus nombreux à pratiquer des thérapies dites holistiques. Ces thérapies prennent en compte la totalité de la sphère de vie de la personne. Prendre en compte la totalité du processus, c'est ouvrir le regard sur l'ensemble de notre relation au monde.
Si, détournant le regard, nous passons à côté de ce que nous maintenons volontairement mort dans notre propre esprit et par conséquent, dans notre propre corps, nous ne faisons que retarder l'éclosion de notre bonheur et de celui de l'espèce toute entière.

Bonne journée à tous !

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