La Force et l'Ordre

10/05/2018

La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance. 

La force est toujours au service du blocage, de la contrainte, de l'empêchement et du conflit.

Il n'existe pas de conflit sans force car la force est intrinsèque à la résistance et inversement. La Force et la résistance sont le même mouvement, elles sont les deux versant de la lutte "contre" ou du combat "pour", ainsi l'une comme l'autre nient ce qui Est, l'une comme l'autre sont stériles.

Il n'existe pas non plus de force sans conflit car le conflit est l'application de la Force, le résultat de la Force, jamais l'inverse. L'immobilité, la tentative d'arrêter le mouvement réclame une énergie colossale. Cette énergie est toujours dépensée en vain car l'arrêt du mouvement est toujours illusoire. Plus longtemps dure l'illusion, plus grand est le décalage entre ce que nous voudrions qu'il demeure et ce qui Est, ainsi plus profonde est la souffrance. Cette énergie dépensée en vain dans le but d'entretenir l'illusion de la pérennité, voilà ce que notre culture appelle la Force.

La pérennité des rituels, des traditions, du pouvoir, des idées, des coutumes, des relations, du plaisir, du profit, de la jeunesse, de la mémoire, du confort, de la sécurité, du jour, de la nuit, de l'enfance, de l'amour, du savoir, du succès, de la primauté, du travail sur soi, du bon droit, du progrès, la pérennité de ce qui est bien et la destruction immédiate de ce qui est mal, voilà quelle la fonction de la force. 

La force est un instrument au service de la plus terrifiante des peurs, celle de ne pas avoir notre place.

Qui voyons-nous prendre les armes ? Qui utilise la force ? 

Nous tous, sans aucune exception. Plus l'illégitimité ronge notre cœur, plus vite et plus fort nous prenons les armes. Que ces armes soient des mots, des prières, des missiles balistiques, des CRS, des lois, nous forçons une place illusoire pour mieux fuir celle qui nous est acquise à l'instant même de notre naissance.

Pouvons-nous l'observer en nous-mêmes, et en nous-mêmes seulement, car la seule révolution est dans cette direction de regard. Pouvons-nous débusquer toutes ces choses que nous maintenons de toutes nos forces ?

La vie est impermanence, mouvement perpétuel. Par quel tour de force alors parvenons-nous à demeurer malades, malheureux, blessés, en deuil, apeurés, en colère, jaloux, incompris, victimes, infantilisés, avides, envieux, méprisants ? Quelle place marchandons-nous avec toutes ces illusions qui farcissent nos pensées ?

« Je te donne de la colère, tu me donnes une place. Maintenant que j'ai ma place d'homme ou de femme en colère, je ne la lâcherai pas ! Et maintenant, il me faut plus de colère pour maintenir ma place ! »

Cela marche-t-il autrement ? La réponse jaillit en nous, elle n'est issu ni de l'analyse, ni du savoir, mais du silence de la pensée. La vérité est toujours au-delà du choix, seule l'illusion peut être choisie. La vérité, elle, n'a pas besoin de notre permission.

Observons comme nous vénérons cette force. Elle nous donne l'illusion de nous affranchir de lois contraignant l'assouvissement du désir. Nous la vénérons car elle nous donne l'illusion de changer ce qui Est en Ce qui doit être. Nous la vénérons car elle enchaîne le Présent au Passé, ainsi tout demeure inchangé.

Ce présent entravé, bridé, colonisé par le Passé, nous appelons cela l'ordre. Ordre hiérarchique, ordre social, ordre économique, ordres religieux, ordre céleste, cet ordre prétendu est chaos, car il requiert la plus grande force pour être maintenu. Tous ces ordres se dotent d'instruments de Force pour se maintenir. Ces ordres sont le règne de la séparation et donc du conflit. Le passé règne sur le Présent, par cet ordre la vie est fragmentée et changée en une chose morte.

Nos sociétés modernes sont encadrées physiquement par la force et psychologiquement par l'ordre. En mettant de côté le constat sans appel de l'échec des organisations sociales fondées sur ces deux piliers, autorisons-nous à nouveau un regard intérieur.

Quel conflit intérieur est le signe que quelque chose en nous force ?

Quelle souffrance est le symptôme de cette chose que nous maintenons de toute notre force ? Quelle place nous permet de négocier ce maintien qui nous cause tant de souffrance ?

Un bon indice est que nous souffrons à l'endroit même où nous forçons... Comme disaient les vieux, « ça va tomber du côté que ça penche ».

L'idée que nous avons de l'ordre des choses requiert un surplus de force pour être maintenu. Quelle est donc cette idée ? Qu'est-ce qui ne doit pas changer ? Au culte de quelle statue morte sacrifions-nous notre vie ?

Pouvons-nous en faire l'examen à l'instant même ?

Observons nos vies et constatons, nous sommes si près de la lumière, à deux doigts à peine. La guérison est au prix de franchir cette distance, absolument seul, totalement silencieux.

Bonne journée à toutes et à tous !

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