La guerre. Partie 2

13/06/2018

  "If at least, you could feel for just one second, people, what I am going thru...        People, all around me, all around me, sharing this moment with you..."                        Dax Riders - People


L'apparente distance qu'il existe entre chacun d'entre nous est due au passé individuel, familial, ethnique, national, civilisationnel, culturel, etc... Si nous nous débarrassons de ces colifichets étroits, seul demeure le sentiment d'être Moi qui est le présent lui-même et la vie elle-même.

Pouvons-nous nous ouvrir à cela ? Pouvons-nous observer ce moment si particulier du présent et notre rapport immédiat à lui-même ? Le présent est le lieu du mouvement, le mouvement continu de l'impermanence. 

Quelle différence entre nous n'est pas épinglée au tissu élimé du passé ? Il est très intéressant de nous poser cette question intimement, dans la plus parfaite des solitudes, afin que la réponse, n'ayant d'autre témoin que nous-mêmes, soit vérité. 

Cette question requiert un examen minutieux et extrêmement approfondi de notre part. Quel élément de ce que nous appelons "identité" est totalement affranchi du passé ? Pourrons-nous en trouver un seul ? Pourquoi ne pas traiter cette question, maintenant, comme la plus urgente des questions ?

Que considérons-nous comme étant nous-mêmes et qui n'ait aucun lien avec le passé ?

Il ne s'agit pas ici de revendiquer, de proclamer, d'affirmer, ni même de trier. Portons simplement un regard sans œillères culturelles, religieuses, politiques, sociales ou psychologiques.

Si nous nous affranchissons de ces breloques que reste-t-il ? Pourquoi ne pas allez au-delà de cette frontière mesquine qu'est notre identité elle-même ? Pourquoi ne pas nous affranchir de ces morceaux figés, immobiles, morts ?

Au-delà des objets composant ce patchwork disparate que nous appelons « identité », il y a cette immensité du « sentiment d'être Moi ». Le sentiment d'être Moi est un intérieur sans frontière, un ici et maintenant collectif.

Nous nous sommes donc lancés dans cette entreprise libératrice de la cessation totale, immédiate et définitive de la guerre.

Assurément nombre d'entre nous considèrent la fin de la guerre comme une question hors sujet, mal posée ou encore utopiste. Assurément nombre d'entre nous, car l'existence de la guerre ne saurait dépendre d'une cause qui nous soit extérieure, extérieure à nous tous êtres humains. 

Pour observer cette relation de guerre en nous-mêmes et en voir tout le développement, il s'agit de la reconnaître à son échelle la plus intime, la plus quotidienne, dans sa dimension intra-personnelle.

Le mot « guerre » et le mot « conflit » sont une seule est même chose. Les mots s'utilisent à des échelles différentes mais décrivent la même relation : l'immobilité.

L'objectif de chaque guerre ou du conflit est toujours l'immobilité. Ce avec quoi nous établissons une relation de guerre a vocation à être figé, retiré du flot de la vie afin qu'il demeure tel quel. La mort n'est pas l'objectif de la guerre mais sa conséquence intrinsèque car elle vise à retirer du flot de la vie.

La relation de guerre est une tentative de l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes de maintenir des circonstances passées dans le présent. C'est le maintient d'une idée, d'un pouvoir, d'un plaisir, d'une liberté, si bien que l'objectif n'est plus ni l'idée, ni le pouvoir, ni le plaisir, ni la liberté, mais le maintien, l'immobilité.

Pouvons-nous observer cela ? Pouvons-nous échapper à l'illusion de la cause extérieure et contempler cela en nous-mêmes ?

Chaque conflit qui déchire nos existences a pour origine le maintien d'une circonstance favorable à l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes. Cette idée que nous nous faisons de nous-mêmes enchaîne notre présent au passé, ne nous permettant d'être que selon ce qui fut et jamais selon ce qui Est. 

Quelque soit l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes, celle d'un battant, d'une victime, d'un bourreau, d'un martyre, d'un vaurien, d'un sauveur, d'un incompris, d'un justicier, d'un juste, etc... ceci est une chose passée, morte, en dehors de l'ici et maintenant. Avoir une idée de soi, c'est vouloir s'extraire du mouvement de la vie, car l'idée de soi n'est pas le processus d'être soi.

Ainsi l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes ne peut perdurer qu'en maintenant les circonstances dans lesquelles elle a fleuri. Mais cette idée de nous-mêmes fane à l'instant même où elle est arrachée au flot de l'instant-présent. Pouvons-nous voir cela, que la vie, le présent et nous-mêmes sont une seule est même chose qui ne saurait être séparée de tout le reste sans mourir ?

Être implique un mouvement permanent. Nous ne pouvons pas ne pas être. L'instant présent est donc l'unique temps où nous existons. Le conflit naît de l'illusion que nous pouvons maintenir le passé, ce qui n'est pas, dans le présent, ce qui Est. Plus l'illusion est maintenue, plus le conflit est grand, plus la souffrance est grande, plus nous nous entourons de choses et d'idées mortes. Car l'illusion doit, sous peine de se dissiper, s'entourer d'un décor toujours plus grand fait de lambeaux inertes retirés de la vie.

Ainsi croît le conflit, ainsi croît la guerre.

La cessation de la guerre exige la dissipation totale, immédiate et définitive de l'illusion que nous existons ailleurs qu'ici et maintenant et qu'il existe une frontière entre nous. Pouvons-nous accueillir cela ?

Le passé n'existe pas, le futur n'existe pas, seul s'étend sans origine ni destination ni interruption, l'instant présent.

Laissons de côté la raison qui ne nous est ici d'aucun secours. Nous tentons ici de naviguer dans l'angle-mort de la pensée, là où le passé n'a aucune prise. Ceci est l'espace d'une indissoluble fulgurance.

Ainsi ne s'agit-il pas de comprendre, mais d'accueillir, ne cherchons pas à exercer une opinion conditionnée ou une foi creuse, mais autorisons-nous l'écoute attentive. Cette écoute attentive requiert une grande vigilance qui ne doit pas être confondue avec la méfiance, car cette vigilance est ouverture.

Parlons-nous ici de façon abstraite ? L'abstraction est le domaine de la pensée et donc du passé menant au conflit. Sommes-nous par cette manière d'aborder le plus grand péril de notre espèce qu'est la guerre, éloignés du problème lui-même ?

Prenons bien conscience que nous ne sommes pas à la recherche d'une méthode pour empêcher la guerre mais d'un regard qui observe tout le processus de la guerre et par là-même, la dissipe.

L'ambition et la souffrance, toutes deux accrochées à l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes peuvent ainsi enfin laisser la place à la vérité glorieuse de ce que nous sommes. Il n'y a là aucune place à l'illusion.

Ainsi cesse le conflit, ainsi cesse la guerre.

Bonne journée à toutes et à tous !

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