Parentalité I. Donner la vie

09/05/2018

"Si vous aimiez vos enfants, vous n'auriez pas de guerre." J.Krishnamurti 

J'emprunte cette phrase à l'ami Jiddu Krishnamurti, elle est dure celle-ci...

Explorons ensemble ce sujet crucial de la parentalité. C'est un sujet auquel je consacrerai plusieurs publications.

Parmi les sujets qui déchaînent passions, polémiques, paroles péremptoires et crispations, il y a celui des enfants... «Nos » enfants. Il semble parfois que, pour ces sujets, nous parlons très fort pour ne surtout pas entendre notre coeur...

Ce sont nos enfants, certes, mais le sont-ils au sens que nous leur donnons la vie, au sens qu'ils nous appartiennent ? 

Donnons-nous leur la vie, donnons-nous leur nos vies ?
Si nous leur donnons la vie, cette vie donnée devient immédiatement la leur, ainsi peuvent-ils en disposer à leur guise sans craindre aucune réprimande, châtiment, désaveu, chantage affectif, ordres, projections, etc.
Si en revanche ce sont NOS vies que nous leur donnons, cela explique que nous exigions d'avoir un droit de regard sur leurs choix, un avis sur leurs erreurs ou leurs réussites, des attentes pour leurs destins, de la reconnaissance, voire de la gratitude.

Et n'est-ce pas là le lot de chaque enfant ? Et n'est-ce pas ensuite très logiquement le lot de chaque adulte par la suite ? Ce qui a été commencé d'une manière, se continue et s'achève de la même manière, toujours, quelques soient les apparences...
Ces ordres, ces interdits absurdes, ces réprimandes, ces brimades, ces jugements positifs arbitraires ou négatifs arbitraires, ces valeurs morales hypocrites, l'obéissance, voilà ce que nous appelons l'autorité ou LES autorités.
Encore une fois ce qui a été commencé d'une manière, continue et s'achève sans jamais varier.
Notre société comprend la parentalité comme l'apprentissage d'une autorité toujours extérieure à soi. Plaçant l'autorité à l'extérieur de ce qui est ressenti comme étant soi par l'enfant. Il naît dès lors en lui (devrai-on dire, en nous) un conflit entre son autorité naturelle sur lui-même et l'autorité extérieure.
Il est assez simple d'observer tout autour de nous le résultat de notre façon d'appréhender, en tant qu'individu et en tant que société, la parentalité.
Comment fabriquons-nous des êtres humains ? Quels éducateurs sommes-nous ? Quel projet de vie avons-nous pour nos enfants, tous les enfants ?
Car il n'est pas un seul enfant sur cette terre qui ne soit l'un de nos enfants.
D'où émergent les membres de cette société de violence, de chaos, de prédominance de la force, à toutes les échelles, dans toutes les classes sociales, dans n'importe quel pays ?
Est-ce la fraternité, l'accueille inconditionnel, l'unité, l'absence de compétition et de jugement, le respect de chacun qui président à la bonne marche de notre société ?
Avec quoi remplissons-nous le cœur de nos enfants pour que toute cette souffrance se répète de génération en génération ? Est-ce d'amour ?

Nos enfants reçoivent ce que nous leur donnons. Mais donnons nous la vie généreusement, sans compter ou y a-t-il de subtiles contreparties ?
La réponse à cette question réclame la plus grande des libertés ainsi qu'une solitude qu'aucun regard extérieur ne viendra troubler. Car c'est une réponse intime, une réponse pour soi, de cette intimité seule peut jaillir la vérité.

Ne pas donner mais vendre la vie, c'est d'abord posséder la vie que l'on vend.
Et si nous la marchandons à une nouvelle génération, comment abandonner définitivement tout sentiment de propriété sur ce que nous croyions posséder jadis ?
Car nous pensons posséder notre vie, nous en sommes le propriétaire, notre vie nous appartient.
N'agissons-nous pas ainsi, comme si nous pouvions faire ce que nous voulions de notre vie ? Ce que nous faisons de notre vie accapare toute cette énergie dépensée vainement en théories philosophiques, en spiritualités ou dogmes paternalistes, en organisations sociales fondées sur telle ou telle morale toutes coercitives.
Toute cette énergie dépensée pour modeler, construire, définir, bâtir, améliorer, enrichir sa vie.
Nous passons nos vies à effectuer des gestes qui sont pour l'immense majorité d'entre eux de piètres répétitions de gestes faits par d'autres avant nous. Ces gestes sont bons s'ils correspondent au groupe dont nous nous réclamons, ils sont mauvais s'ils s'en éloignent, que nous soyons patriotes, révolutionnaires, marxistes, musulman, pentecotiste, une "belle âme", hipster ou rebelle qu'importe, nous nous agitons selon une pantomime docile, cherchant l'approbation et la reconnaissance de nos paires, de nos ancêtres, de nos idoles, de nos enfants, de nos parents, d'un guide, de l'univers, etc... Nous recherchons une autorité. Convaincus depuis l'enfance que la nôtre, cette autorité naturelle, ne vaut rien. Nous voulons être cet "extérieur" idéal. Et boudant ainsi cette lumière intérieure au profit de l'autorité extérieure, nous nous condamnons à un perpétuel conflit et de perpétuelles souffrances.
Nous voulons si fort être quelque chose ou quelqu'un que toute notre vie se perd en actions en vue de devenir.

Vouloir être n'est jamais Être. Dire ce que l'on est n'est jamais Être. Aimer être n'est jamais Être.

Pouvons-nous voir que l'être ne s'obtient pas, ne se nomme pas, ne s'apprécie pas.
Il est.
Pouvons-nous voir qu'à l'instant même où nous voulons être , disons être, aimons être, nous ne le sommes précisément pas.

Les mots sont figés, remplis, gonflés. Seul le silence accueille l'être, le silence entre les mots.
Ainsi une vie possédée est une chose morte, car elle est délimitée, qualifiée, évaluée. Et un enfant qui appartient à un parent et donc un passé est une chose morte car il a été délimité, qualifié, évalué.
Peut-on entrer en relation avec un enfant par autre chose que nous-mêmes, notre vie, nos croyances, nos valeurs, etc ?
La relation peut-elle être totalement vidée de nous-mêmes, laissant place au silence nécessaire à l'écoute et la découverte de Qui est l'enfant ?
Prétendre connaître l'enfant, c'est mettre immédiatement fin au silence et donc à l'écoute de Qui est l'enfant.

La parentalité peut être cette rencontre de l'autre, une rencontre soucieuse de ne rien savoir ni connaître, mais d'être à l'écoute de ce qui Est, sans vouloir, sans ambition. Là s'opère le miracle de la continuation de la Vie : la découverte de soi par la présence totalement libre de l'autre.

Bonne journée à toutes et à tous !

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