La conscience d'être "Moi"

"Tout bien que tu détiens est un souci qui te retient !"  G.G Skippy

Trop souvent nous laissons l'extérieur parler à notre place. Les opinions, le passé, les conventions sociales, ce que notre professeur, mentor, prophète dit de tel ou tel sujet, nous le faisons nôtre.

Mais pouvons-nous nous permettre d'abandonner notre souveraineté quant à notre compréhension du monde et ainsi nous priver de l'observer depuis nous-mêmes ?

« Depuis nous-mêmes » ne signifie pas depuis mon opinion, mon passé, mon expérience, ma croyance, mon savoir, depuis mon bon droit, mon identité et toutes ces choses mortes qui portent mille noms et classent la vie en millions d'autres noms. Ce nous-mêmes a une portée bien plus grande, plus profonde. Ce nous-mêmes est la véritable place que nous occupons au-delà des hiérarchies physiques comme psychiques, spirituelles comme intellectuelles, matérielles comme sexuelles, politiques comme économiques, sociales comme interpersonnelles. Ces choses n'ont pas plus de consistance qu'un reflet dans un miroir, mais ce nous-mêmes est la vie elle-même.

Pour ressentir la place extraordinaire que nous occupons, il faut comprendre ce que signifie Ici et Maintenant. N'appréhendons pas cela par la vision fragmentaire de l'intellect qui n'a de cesse que de nommer et comparer, mais en se laissant saisir par une fulgurance.

L'ici et maintenant n'est pas un lieu et une date. L'ici et maintenant n'est pas non plus cet endroit où l'on se trouve et ce moment où l'on y pense. L'ici et maintenant est une répétition, un écho, un pléonasme diraient les linguistes. L'ici implique le maintenant, le maintenant implique l'ici.

De cette fusion du temps et de l'espace jaillit notre conscience de nous-mêmes. Pouvons-nous voir cela, le ressentir en nous ? C'est un Ici sans lieu et un Maintenant éternel.

Partons à la recherche de ce sentiment élémentaire de la conscience d'être Moi. Pouvons-nous le ressentir dans tout son dénuement ? Si nous acceptons, dans l'intimité de cette lecture, de nous dépouiller de notre passé, observons. Que cela donne-t-il ?

Amusons-nous là, maintenant, à faire cet exercice. Pour quelques instants, l'entièreté de notre expérience de la vie a disparu, c'est un oubli immaculé, une innocence première. Le passé ne compte plus dans ce qui est Moi. Ce qui est Moi s'observe sans le passé. Mon passé de pèse plus sur la balance de mes sensations.

Pouvons-nous à présent nous défaire de notre nom ? Libéré de notre identité, nous sommes sans jamais avoir été.

Maintenant notre sexe ? Pouvons-nous avoir conscience de nous-mêmes sans être femme ou homme ? Faîtes-en l'essai. Nous nous défaisons de toutes ces choses, de tous ces mots, tous ces noms. Cherchons ce qui demeure encore pour nous en défaire quelques instants. Pouvons-nous nous autoriser ce voyage nouveau ?

Observons, avec la plus grande des attentions, l'innommé. Ce qui demeure est immense, profond, vague, évanescent, mais c'est peut-être notre première tentative de prendre conscience du sentiment d'être Moi, totalement affranchi, sans limitation.

Nous observons exclusivement le fait d'être Moi, cette conscience de moi-même, d'être là, présent. Libéré de tous les ajouts, de tout ce qui porte un nom, voici l'infini intérieur. Il s'agit bien de Moi et non pas d'un « vous », ni d'un « lui », ni d'un « je ».

C'est un Moi que nous ressentons nous-mêmes à l'instant. Pouvons-nous voir cela clairement, le Moi depuis Moi, cette sensation même.

Voilà l'Ici et Maintenant.

Ainsi partageons-nous tous le même Moi, pouvons-nous nous ouvrir à cela ? Nous tous, les 7 milliards et demi : le même Moi.

Ce Moi libéré du nommé est un puits ouvrant sur l'incommensurable. Se défaire physiquement et mentalement de tout ce qui nous différencie de l'autre est le seul véritable chemin vers l'Ici et Maintenant et donc vers Moi.

C'est par ce dépouillement total du Moi que nous accédons au trésor

de notre humanité.

Bonne journée à toutes et à tous !